Lydia Harambourg – La gazette de Drouot
M-G Leblanc – France Catholique – juin 2022 : La sculpture en verre de Gand
Olivia de Fournas – Famille chrétienne N°2159 – juin 2019
Isabelle Saint Martin – Directrice d’Etudes EPHESS – L’Art et l’Église en France au tournant du XXIème siècle. Revue « Arte Christiana » n°907 sept 2018
Lydia Harambourg – Sur l’œuvre de F. Bissara-Fréreau – janvier 2009 – extraits
Correspondant de l’Institut Académie des Beaux-Arts
Pour Françoise Bissara-Fréreau suivre le chemin que lui dicte la vie, c’est accepter la conscience de sa présence au monde et s’ouvrir tout à la fois, à l’aventure silencieuse, et solitaire, de la création. Dans le va-et-vient de son travail où alternent, gravure et sculpture, peinture et dessin, sa mémoire convoque la figure humaine, désormais immuable, mais offerte à une constante et farouche re-naissance. Le voyage intérieur qu’elle a entrepris voilà bientôt près de trente ans, tente d’apporter une réponse au Mystère de l’homme, à sa place dans l’univers. La quête de la vie sur la mort, l’amène à interroger la matière au cœur d’un enjeu plastique et spirituel, et traverser l’opacité pour parvenir à la lumière. Toute sa sculpture en porte les stigmates, telle une peau offerte aux blessures, aux assauts du temps et à son érosion dévoratrice, pour un face à face dont les Déferlantes inscrivent le cri et le risque assumé qui la reconduit toujours au commencement.
Au commencement étaient les éléments, le ciel et la terre, l’eau, l’air et le feu. La terre de Françoise Bissara-Fréreau, c’est son Chant du monde. L’Egypte et la Grèce crétoise lui ont révélé le désert, le retour aux sources où tout a déjà été dit. A la suite des Bannières, les Stèles sont les gardiennes du Temps. Comme un chant sans fin, les stèles aspirent à l’infini, tandis que leur verticalité (une étrange fente simule un œil) enracine l’homme dans l’identité métaphorique d’un livre ouvert, appelé à se déployer dans la lumière, à l’unisson de son œuvre en marche.
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Annik Leluc Chantrel – Sur l’œuvre de F. Bissara-Fréreau – janvier 2009 – extraits
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L’artiste modèle dans la cire la chair de ses personnages qui fondra à la brulance du bronze. Chaque fonte d’une pièce unique la propulse dans la longue patience d’un nouveau commencement, car « seuls les commencements sont beaux » proclame Heidegger.
Les Portes, milles feuilles ciselées, nous proposent un passage au cœur de l’être. L’empreinte ancestrale des alphabets orientaux, araméens, hébreux, grecs, vrille les Stèles d’une immobile apparence dans un cri silencieux et nous parcourons « un monde de signes sacrés, de poésie et de théâtre ». Avers et revers se cherchent et résonnent :
L’ombre et la méditation deviennent torche vive.
Du silence s’élève un chant.
Le jour succède à la nuit.
Le mouvement suit la contemplation.
Les commencements de Françoise Bissara aujourd’hui, c’est de transformer l’image en lumière avec Jean Dominique Fleury pour les vitraux de l’Abbaye de Fontmorigny, c’est encore illustrer les poèmes de Jean de la Croix. C’est aussi continuer à peindre. Orientale dans l’âme, elle va puiser son énergie dans la couleur, et nous assistons à l’alliance des transparences du pastel et des fulgurances de l’huile pour faire sourdre « le chant qui devient existence ».
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Patrick Léon – « Le regard d’un ami » – 2009 – extraits
Conservateur en chef du patrimoine (Ministère de la culture et de la communication)
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Je veux voir un dessein dans l’œuvre de Françoise. Qu’elle veuille bien me pardonner cette audace, celle d’« interpréter » son oeuvre… Il ne s’agit que d’un regard tout personnel mais, après tout, une fois qu’elle est exposée, l’œuvre n’appartient plus seulement à l’artiste mais au contemplateur qui y projette sa propre sensibilité ; l’œuvre est aussi faite pour cela…
L’homme peut être les deux pieds dans la terre (L’homme-racine, ronde bosse), dans une « vallée de larmes » (La source des larmes, huile sur toile) où il commet des impairs (Le faux-pas, huile sur toile), soumis au désir (Désir, (Gen J.7), pigments sur toile), englué dans le réel dans d’autres termes, et la vie peut paraître une énigme (Enigme de la vie, 2003), ce qui est fondamentalement une impasse. Nul pessimisme pour autant, sentiment délétère inconnu chez Françoise qui nous invite, d’abord et très simplement, à ne pas rester au bord (A la lisière, peinture) mais à regarder autour de nous, c’est-à-dire à contempler la création divine, même si nous ne la nommons pas nécessairement ainsi : les éléments (mer, vent, feu), l’amour humain (Etonnement, pigments sur toile ; Hommage à la poésie, ronde bosse), la poésie justement, la musique, la danse, le chant (ensemble des Cantos, ronde bosse), même le silence est un chant (Chant du silence, ronde bosse), la danse. Mais s’agit-il seulement de la vie, de divertissements, ou même d’art ? Assurément non. Tout cela est le premier pas qui mène à redécouvrir le mystère (Au bord du mystère, groupe) qui, lui, oblige à se poser des questions et peut conduire à Dieu si on l’écoute car c’est bien du mystère divin dont Françoise nous entretient.
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Philippe de Saint Robert – « Françoise Bissara » – 2009
À quel art appartient l’œuvre de Françoise Bissara ? Au sien. Nous l’avons vu se construire, se détacher sous nos yeux depuis trente ans. Il y eut d’abord la peinture, mi-figurative mi-abstraite, tout en évocation de lignes et de couleurs, évoluant peu à peu vers une représentation mystique de l’univers, de la Genèse au Calvaire, en passant par mainte évocation du silence, du désert, une représentation toujours retenue du secret du monde, jusqu’à ces magnifiques huit planches d’illustration d’une édition rare de poèmes de saint Jean de la Croix où le travail des couleurs et de la forme emporte l’esprit avec les mots du poème, qui s’y déploient.
Il y eut d’abord, ai-je dit, la peinture. Mais un artiste ne s’arrête jamais, et le but, le plus souvent inconnu de lui, devient le chemin. Alors il y eut la sculpture. J’eus, je l’avoue, très peur que cette aventure nouvelle ne la coupât de ses sources. Il n’en fut rien, et peu à peu se révéla le véritable sculpteur qu’est Françoise Bissara. Entreprise délicate, car s’il y a toujours des murs pour exposer les tableaux, parfois les espaces manquent pour les sculptures. L’art de la sculpture requiert un public particulier, et il fallait à Françoise Bissara parvenir à garder l’inspiration – unique – de son art pictural. Le miracle s’est réalisé et les commandes abondèrent en sculptures géantes même. Je garde mon goût pour les « sculptures d’appartement » qui habitent une pièce par une présence élégante, qui toujours élève les yeux. Mais la Vierge et le haut relief de l’abbaye de Fontmorigny, le Chemin de Croix de l’église chaldéenne de Sarcelles, la Rencontre avec le Christ de l’église Saint-Pierre Saint-Paul à la Celle-Saint-Cloud, la magnifique série des Béatitudes exposées à l’Espace Victoria du Châtelet ont assez montré que le passage de la spiritualité picturale à la spiritualité sculpturale s’est fait tout naturellement. La sculpture de Françoise Bissara n’a cessé et ne cesse de prendre une ampleur dont le sens est de nous détacher un moment de ce monde, de nous élever l’esprit, de nous confronter aux hauteurs occultées de notre monde réduit aux besoins et aux crises. François Bissara n’a guère d’autre message que de nous dire que ces hauteurs existent et nous sollicitent. Son œuvre est une œuvre toute d’inspiration, où la mystique n’a son sens que dans la représentation de l’homme dans l’énigme de sa vie.
M.-G. Leblanc – Famille chrétienne – Octobre 2006
(à propos de l’exposition de F. Bissara-Fréreau à la Galerie Châtelet-Victoria Paris oct. 2006)
Françoise Bissara, le bronze inspiré
(…) Les bronzes de cette artiste inclassable sont puissamment inspirés. Dans la série des Portes, la « Porte de l’homme » met une porte étroite à la place du cœur.
La série des Béatitudes fait écho aux Psaumes et aux Prophètes, monumentaux malgré leur petit format. (…)
V.S. dans e-quartier.com, suite à une visite d’atelier – Mars 2006
C’est dans un appartement avec vue sur Montmartre que Françoise Bissara-Fréreau a établi son atelier d’artiste. Elle vit dans le quartier depuis 30 ans et dit s’y sentir tout simplement bien. En observant les sculptures dans l’atelier on se rend compte que la figure de l’homme y est omniprésente. Dans tous les coins de l’atelier des figures humaines se profilent. Une « porte » en bronze révèle aussi des formes humaines.
Françoise Bissara-Fréreau se plaît à dire que dans ses œuvres, l’humanité surgit de l’abstraction. Et c’est se qui rend l’homme beau. La tourmente de la vie humaine apparaît dans le travail de la matière. Le bronze, le verre, la terre cuite ou le ciment portent des empreintes. Chaque sculpture est faite de marques : griffures, creux, superpositions, entrelacements s’étendent à toute la sculpture en deux ou trois dimensions pour insuffler vie, énergie et profondeur à la matière.
Le recours régulier à la « porte » s’explique alors de lui-même : on expose l’humanité en façade, pour s’y plonger ensuite. Quant aux statues, elles répondent à la même démarche artistique où l’on trouve une symbolique originale du vêtement. Pour l’artiste, les vêtements sont l’univers : l’eau, le feu…Ces éléments sont les empreintes de vêtements abstraits d’où surgit la partie humaine. (…)
Lydia Harambourg – La Gazette de l’Hôtel Drouot – Décembre 2003
(à propos de l’exposition de F. Bissara-Fréreau à la Galerie Mouvances Paris déc. 2003)
Françoise Bissara-Fréreau : l’esprit souffle
Sous les doigts de F. Bissara-Fréreau la matière se fait chair. Peintre et sculpteur, elle poursuit son dialogue avec le monde des apparences et entretient avec le mystère des rapports d’une évidente sensibilité intuitive. Si la métaphore des empreintes balise son itinéraire, le temps et la mémoire nourrissent sa réflexion plastique. Ses premiers labyrinthes ont cédé devant des personnages nés du limon originel. La métamorphose est aussi servie par l’alchimie du bronze. La figure humaine revendique aujourd’hui sa présence au monde. Un élan l’arrache à la pesanteur. L’imaginaire et le visible se retrouvent pour entamer un hymne à l’harmonie, à la beauté qui participent de l’ordre universel.
(…) Les lignes de force participent de cet élan profond pour conquérir la lumière. Dans ses pastels et ses peintures, F. Bissara-Fréreau réactive ce combat, duel entre lumière et ténèbres. La substance des éléments et les mélodies de l’âme en contemplation se laissent deviner.
André Parinaud – critique d’art – Juin 2003
(…) Il est important de savoir que Françoise Bissara-Fréreau est née au Caire et que son origine grecque-crétoise – c’est-à-dire la genèse de notre occident – reste sa référence vitale qui lui a sans doute permis de se dégager des « écoles » et des « maîtres » qui l’ont inspirée tel Etienne Martin à l’école des Beaux-Arts, mais dont la rigueur reste son credo.
Hors de l’abstraction et de la figuration, elle puise son inspiration – son trait, comme les labyrinthes des lignes de ses compositions – dans son élan profond, comme un cri, comme un chant qui fait vibrer notre sensibilité par sa force de mouvement. (…)
Sophie Louis – La Croix – Janvier 2003
A propos de la statue La Rencontre, La Celle-Saint-Cloud (78)
(…) Entre cet homme et son Dieu, un espace vide.
Baptisée La Rencontre, l’œuvre de F. Bissara-Fréreau représente (en bronze) un homme de dos, comme attiré par le Christ qui lui fait face. Les deux personnages sont liés par un mince bandeau, sur lequel l’homme pose un pied. Cette bandelette, telle un parchemin d’écriture, semble se mouvoir au rythme de l’univers. « Elle incarne le chemin étroit qui mène à Dieu » explique l’artiste. Entre cet homme et son Dieu, un espace vide. « Cette distance représente l’espace intérieur, tour à tour vide ou Esprit-Saint, selon le cheminement de l’homme. »
(…)La sculpture de bronze, inaugurée en novembre dernier, est le fruit d’une vraie rencontre entre l’artiste et les membres de la commission (…) Plus de 130 paroissiens ont participé financièrement à l’achat de la sculpture.
Sévim Riedinger – Février 2001
(Sur le travail de Françoise Bissara-Fréreau)
Chacune des œuvres de Françoise Bissara est un hymne fougueux à l’espoir, celui toujours renouvelé de transgresser l’angoisse inhérente à la vie, apprivoiser la matière tout en respectant ses règles, capter la lumière dans ses vibrations infinies et faire bouger les ombres pour que naissent le mouvement et la vie à l’intérieur de l’espace travaillé : la « chair » de l’œuvre.
C’est aussi garder à tout instant la mesure dans une voie qui tend, aux portes du mystère, à se rapprocher du cœur de l’être.
Plus précisément, le travail de création est pour cette artiste un processus de transformation constant – d’elle-même et de la matière – pour approcher cette part de mystère en nous, ce point d’éternité qui a son siège dans nos profondeurs et qui ne se laisse pas entamer par les fluctuations de l’existence.
(…)Les écritures, qui parfois viennent égrener son œuvre, nous ouvrent et nous rattachent aux grands Livres de la vie, à notre héritage spirituel depuis les origines. Rien n’est dû au hasard semblent nous dire ces œuvres ; tout est relié et donc peut ouvrir sur une vie plus ample et plus généreuse.
Comme le dit Françoise Bissara-Fréreau elle-même, elle consacre la vie à la vie. Elle témoigne envers et contre tout, à une époque aussi violente et désaccordée que la nôtre, en faveur de la vie, de la beauté et du sacré de la vie. Créer c’est dire sans relâche que la vie est plus forte que tout.